Biographie


Alfred Steux naît à Dottignies le 21 janvier 1918.

Ses parents s’appellent Gustave Steux et Blanche Kints. Gustave est plombier-zingueur et tient un magasin de plomberie et de vélos à Dottignies et aussi un un café géré par Blanche. Outre Alfred, ils ont deux autres garçons, Georges (l’aîné) et Jules (le cadet).

Alfred termine premier de sa promotion aux examens cantonaux, puis réédite l’exploit en devenant dessinateur industriel à l’Institut Professionnel Roubaisien. Alfred travaille alors à dessiner des motifs pour des tissus et des pièces mécaniques pour des métiers à tisser.

Lors de la mobilisation générale de 1939-40, Alfred est affecté aux TTR à Gossoncourt, plaine d’aviation militaire dans la banlieue de Tirlemont (Tienen). C’est à Tirlemont qu’il rencontre Louiza1 Hendrickx. Après sa démobilisation, il fait de nombreuses fois le trajet Dottignies – Tirlemont à vélo pour rencontrer sa fiancée.

La guerre éclate lorsqu’il a 22 ans et il se met au service de la résistance. Affilié au R.N.J. (« Rassemblement National de la Jeunesse », section jeunes du « Front de l’Indépendance »), il fonde le journal clandestin « Vers la Victoire » aidé notamment par ses deux frères et son père. Il est responsable régional pour la Flandre wallonne, puis de la fédération de Liège, où il fonde « L‘Aube ».

Alfred et Louiza se marient le 22 juillet 1941 et s’installent à Dottignies. Le 7 juin 1942, ils ont un premier enfant, un garçon prénommé Claude.

En janvier 1943, Alfred entre à la Direction Nationale du R.N.J. avec deux missions: l’inspection de plusieurs fédérations et l’établissement de la campagne de presse. Il entre dans le maquis.

En mars 1943, Louiza, enceinte d’un deuxième enfant, retourne à Tirlemont; les rencontres avec Alfred se font de plus en plus rares et chaque fois dans des endroits différents.

Le 31 juillet 1943, Alfred, dont le nom de code était « Raymond » a rendez-vous, à Bruxelles, avec le Président National du R.N.J., l’abbé Dieudonné Bourguignon. Deux autres membres sont aussi attendus. Vers 20 heures, deux membres de la Sichereitspolizei sonnent à la porte, et tous se font arrêter. Une dénonciation est à la base de l’arrestation de 19 membres du R.N.J. qui après des premiers interrogatoires « musclés » passeront par la prison de Saint Gilles avant d’être transférés le 13 novembre 1943 en Allemagne.

Monique Steux naît le 23 septembre 1943 à Tirlemont. En prison à Saint Gilles, Alfred est informé par la Croix-Rouge de la naissance de sa fille, mais il ne la verra jamais.

Le départ pour l’Allemagne des 19 prisonniers se fait dans le cadre du décret « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard). Comme le nom l’indique bien, dès ce moment il n’y a plus aucune nouvelle, aucune communication verbale ni écrite n’est possible, ni l’envoi de colis.

Condamné à mort par le Volksgerichtshof (tribunal du peuple) le 19 août 1944 avec d’autres membres de la Direction Nationale du R.N.J., Alfred passe encore par Straubling, entre à la prison de München Stadelheim le 17 octobre 44, où il est décapité le 27 octobre 1944 à 16h09 et incinéré le 28 octobre 44.

De tout le Comité National du R.N.J. seul l’abbé Bourguignon échappe à la mort; il est à l’infirmerie, malade contagieux, puis absent lors du procès et, dans la confusion de la désorganisation du Reich à la fin de la guerre, tient ainsi jusqu’en 1945, à la libération du camp de Dachau où il est alors emprisonné, et témoignera à son retour.

Alfred Steux est inhumé le 29 juillet 1951 au cimetière de Bruxelles à Evere. Des monuments commémoratifs portent son nom à Dottignies et à Tirlemont. Le Clos Alfred Steux inauguré en 2008 à Dottignies ne concernait à l’époque que le coureur cycliste. Le 20 mai 2019, le Collège communal de Mouscron a répondu favorablement à la demande introduite par Francis Steux, d’y ajouter une référence au prisonnier politique. C’est chose faite depuis juillet 2019.

1 Le prénom est orthographié Louiza dans les documents en néerlandais, Louise dans les documents en français et Luise dans les documents en allemand.