Le livre « Hölle im Moor » (« Enfer dans les marais ») raconte l’histoire des camps du la région de l’Emsland (nord-ouest de l’Allemagne).
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Le chapitre « Verbrechen der NS-Justiz – zur Geschichte der « Nacht-und-Nebel »-Gefangenen des Strafgefangenen-lagers Esterwegen », écrit par Wilfried Wiedemann, raconte comment fonctionnaient les camps et les horreurs qui s’y passaient, à Esterwegen en particulier.
Comme il est écrit en allemand, en voici quelques citations avec traduction en français, entrecoupées de photos du mémorial érigé en 2012 à l’emplacement du camp.
Avertissement aux lecteurs : certains passages sont très choquants.
[…] Lorsque la résistance à l’occupation allemande en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Norvège augmenta dans la seconde moitié de l’année 1941, il fut décidé, au Haut commandement de la Wehrmacht, de la combattre par une action dure. Quand les preuves étaient claires, les suspects devaient être reconnus coupables et exécutés par les gardes de la Wehrmacht dans la zone d’occupation dans un délai d’une semaine. Tous les autres suspects devaient être immédiatement transférés de l’autre côté de la frontière dans le Reich allemand et traduits devant les tribunaux spéciaux de justice civile. La disparition sans trace selon « nuit et de brouillard » devait terroriser parents et amis. Par conséquent, le lieu où se trouvaient les prisonniers, le procès et, éventuellement, leur sort devaient rester secrets.[…]
[…] À Esterwegen, les prisonniers NN étaient très isolés du monde extérieur et, contrairement à d’autres groupes de prisonniers, n’étaient pas utilisés pour effectuer des travaux forcés en dehors du camp. Les journées dans le camp étaient truffées de petits harcèlements et de mauvais traitements brutaux de la part des gardes. Même à l’infirmerie, où les malades étaient livrés impuissants au personnel médical, les mauvais traitements se poursuivaient. En outre, la peur des décisions de justice était comme une ombre menaçante sur les prisonniers qui, malgré tout le secret, avaient répandu des nouvelles sur les nombreuses condamnations à mort.[…]
[…] Le 21 janvier 1947, le journal Northwest, publié à Oldenburg, faisait état de ce processus dans plusieurs articles:
« Les déclarations des témoins, comme une mosaïque, donnent une image de plus en plus claire de la situation à Esterwegen, qui a été marquée de la même manière par cette tactique piquante consistant à rendre la vie plus infernale, par un sadisme prononcé et une brutalité animale. » […]
[…] Trois jours plus tard, le journal relatait le témoignage d’un prêtre belge, également prisonnier NN à Esterwegen:
« Un camarade est arrivé de la prison d’Essen avec une diphtérie avancée […] sa vie était gravement en danger. Malgré les propositions de la part des médecins (belges, note de l’auteur) « Le Fou » (surnom de l’accusé Karl Nadler, note l’auteur) refusa de délivrer le sérum ou même un couteau à disséquer pour une opération. Le soir, une trachéotomie a été réalisée sur le pauvre homme avec des ciseaux pour l’empêcher de suffoquer. Le médecin assistant a dû laisser la plaie ouverte avec les doigts et en plus le patient n’était pas anesthésié. […] Voici, de témoignage en témoignage, comment cela se passait: Un mourant s’est vu refusé de voir son frère, qui se trouvait également dans le camp, au cours de ses dernières heures. Dysenteries et de la bouillie refusée à un homme ayant la mâchoire cassée. » […]
[…] Le 22 mars 1947, après 44 jours de procès, le tribunal militaire britannique prononça le verdict. Il a libéré trois accusés, imposé des peines de prison de trois, cinq et deux fois quinze ans. Deux accusés, dont Karl Nadler, surnommé « Le Fou » par les prisonniers, ont été condamné par le tribunal à la peine de mort. Lors de l’audience en appel, la Cour d’appel a confirmé les peines de liberté et converti l’une des condamnations à mort en une peine de vingt ans d’emprisonnement. […]